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Tolerme Nature

Lettre aux élus et aux amis humains

Lettre aux élus et aux amis humains

Mesdames et messieurs les élu.e.s des rives du lac du Tolerme, et vous autres, chères et chers ami.e.s

Celles et ceux qui étaient présents à la conférence (23 septembre à Biars sur Cère) de Philippe Descola, anthropologue, professeur émérite du Collège de France, aux côtés d’Anne-Christine Taylor, anthropologue, directrice de recherche émérite au CNRS et de Florence Brunois-Pasina, anthropologue, chercheuse au CNRS/Collège de France, codirectrice du Laboratoire d’Anthropologie Sociale, puis après présents pour le visionnage du documentaire “Composer les mondes”, dans lequel  Philippe Descola met "en pratique" ses concepts et ses théories issues de ses travaux d’anthropologue, de l’Equateur auprès des amérindiens Kasua il y a quarante ans à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et où il interroge notre regard sur le monde... celles et ceux qui étaient présents savent donc à quel point le concept de "vies singulières non-humaines" est un terreau très riche et très important dans les travaux et recherches de Philippe Descola.

Comment nous sommes au monde ?

Philippe Descola questionne comment nous sommes au monde, quelle est notre relation aux espèces vivantes non-humaines, ce qui nous mène directement à la manière dont nous considérons ces espèces, au respect que nous leur manifestons et à la manière cruelle mais tellement "profitable" (sic) dont nous participons à toutes les destructions et autres crimes climatiques.

Dans la plupart des cas, c'est de la destruction, du pillage, certains considèrent que ces espèces vivantes (animales, végétales) sont des "ressources" à exploiter, qu'elles nous appartiennent, donc nous pouvons les détruire sans retenue, selon nos bons vouloir et nos hubris productivistes. Ces actes de destruction sont même désignés comme de la "croissance", sans même se rendre compte que cette "croissance" détruit les conditions de vie sur la planète.

Dans le documentaire, on le voit (entre autre) aux côtés de "zadistes" qui accordent à la forêt et aux arbres une place très importante, une place vitale donc source de vie. Pas seulement pour les végétaux et les espèces vivantes non-humaines qui vivent dans des éco-systèmes encore préservés, mais aussi pour nous, les humains, car vivre sans arbres est impossibles. Je dis bien sans arbres, d'espèces différentes, qui forment des forêts, je ne parle pas de ces "forêts" plantées d'une même espèce et vite "exploitées" dans la sinistre tradition de rentabilité funeste et délétère qui est hélas la caractéristique de la "croissance" dictée et imposée par des "acteurs" industriels, et hélas aussi politiques. Les incendies en Girons cet été nous ont montré la fragilité de ces forêts plantées, composées d'une seule espèce, parmi les plus inflammables au monde.

Changer de paradigme.

Il faut un changement de paradigme, il en va de la pérennité de l'espèce humaine, nous sommes dans une phase d'auto-destruction rapide, violente et presque inéluctable.

Là où il faut faire croître (et dans des volumes immenses) les espèces vivantes non-humaines, les laisser prospérer, voire les protéger, plus que jamais, et à une échelle absolument insoutenable, nous accélérons les processus de pillage et de destruction de ces espèces non-humaines, animales, végétales.

L'espèce humaine, via tous ses "projets" déments de "croissance", de "développements", ne mène en fait qu'une seule action, celle de détruire les conditions de vie sur la planète, à très grand échelle, partout, dans une logique "capitaliste" qui n'est pas soutenable pour la planète et détruit les conditions de vie de toutes les espèces vivantes.

Cet été, selon des prévisions largement documentées par les scientifiques du GIEC, nous avons expérimenté à encore petite échelle, ce qui nous attend dans le futur très proche, immédiat.

Les évènements caniculaires vont augmenter en nombre et en intensité, il fera de plus en plus chaud, et plus souvent et longtemps.

C'est irréversible. Inéluctable. Les eaux des océans vont monter, les glaciers continuer de fondre, les banquises aussi, les évènements climatiques seront de plus en plus violents (températures de plus en plus élevées et fortes pluie accompagnées d'inondations meurtrières), les ressources vont s'épuiser telle la ressource en eau.

Préservons le Tolerme ... sans prétendre pouvoir chercher son eau dans la Dordogne !

Préservons le Tolerme ... sans prétendre pouvoir chercher son eau dans la Dordogne !

Un "cocktail" catastrophique.

Suite aux canicules, il y a beaucoup plus d'eau dans l'atmosphère, ce qui augmente l'effet de serre, en y ajoutant les énormes quantités de CO2 et de méthane (30 fois plus à effet de serre que le CO2), nous avons là un "cocktail" catastrophique. Mais il y a encore pire. Dans les hautes couches de l'atmosphère, nous "perdons" de l'eau, qui jamais ne va retomber sur la terre sous forme de pluie, neige ou sous une autre forme. Elle disparaît, l'atmosphère n'est plus étanche.

Nous perdons de l'eau et nous allons en perdre encore, vu que les canicules sont déjà un phénomène "banal", et sont en phase d'expansion.

Là où il est vital de mettre un énorme coup de frein, le "système" actuel, fortement encouragé par des responsables politiques totalement hors-sols encore dans des logiques de "développement" et de "croissance", accélère tous ces processus déjà largement présents.

Crises climatiques, alimentaires, sanitaires, de sécheresses importantes, de disparition de la bio-diversité, de l'artificialisation des sols y compris pour 50 % des sols cultivés dont la vie a disparu, sous l'action des poisons chimiques, air pollué responsable de 700 000 morts en Europe par an... Alors, stop ou encore ?

Stop ou encore ?

Mes dames et messieurs les élus, combien de temps encore et combien de catastrophes avant de réagir ? Nous avons déjà atteint des points de non-retour. Quand il fera 50 °, car il fera 50 °, que direz-vous, en guise d'excuses ? Que vous ne saviez pas ?

Au Tolerme comme ailleurs, stop aux projets déments de gaspillage d'eau, de ressources, d'artificialisation des sols, de satisfaction apportées à des touristes cupides et égoïstes, stop à la destruction de sols gorgés de vie.  Pensez-vous sérieusement que notre développement passe par des projets pour riches, à gaspiller de l'eau ?

Combien de canicules, combien de sécheresses encore, avant une prise de conscience de votre part, avant de porter un projet à l'opposé de ce camping de luxe ?

La nature, l'avenir de l'humanité (suivez ce lien pour écouter Philippe Descola, sur France Culture)

Edmond Kober

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