10 Mai 2022
Art La Dépêche du 4 mai 2022. où l'on évoque le lac du Tolerme
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L'eau est au cœur de toutes les inquiétudes, notamment avec l'impact du réchauffement climatique sur cette dernière. Dans le Lot, impossible de constater ces effets. Cependant, l'eau commence à se réchauffer localement.
La 6e limite planétaire vient d'être franchie : celle du cycle de l'eau. C'est la deuxième cette année, juste après celle de la pollution chimique en janvier. Le dépassement concerne, cette fois-ci, le seuil de sécurité de l'eau douce, et plus particulièrement l'eau "verte". Ce sont les ressources aquatiques présentes pour les plantes et la nature. Pour le moment, l'eau "bleue" à destination des humains (extraite des rivières, lacs et nappes phréatiques) reste en dessous du seuil de la limite. La ressource mondiale en eau commence, petit à petit, à être menacée, et le réchauffement climatique pèse au-dessus d'elle comme une épée de Damoclès.
Dans le Lot, les conséquences du réchauffement climatique sur l'eau et les poissons ne se font pas sentir. "On ne peut pas encore voir d'impact", explique Laurent Fridrick, responsable technique à la Fédération du Lot. En effet, les données de l'association ne remontent qu'à une dizaine d'années. "Cela n'empêche pas qu'on reste vigilant, et qu'on surveille de très près ce qu'il se passe. Il faut à tout prix éviter que l'eau ne se réchauffe", indique le scientifique.
Pour cela, la Fédération de pêche du Lot surveille attentivement les températures. Des thermographes ont été placés dans 30 cours et plans d'eau du département. Ce sont des petites balises jaunes qui enregistrent la température en continu, avec une donnée toutes les heures pour permettre à l'association de les analyser.
La température est, en effet, un paramètre très structurant pour le système aquatique et les populations piscicoles. "Si on trouve telle température, on sait qu'on est censé trouver telles espèces", observe Laurent Fridrick. À chacun sa partie de rivière lotoise. Vers la source, en haut de la montagne, on trouve la zone à truite (truite, vairon, chabot). Puis lorsque l'on descend le cours d'eau, on peut croiser la zone à ombre suivie de la zone à barbeau. Enfin, en bas de la rivière, on tombe sur la zone à brème (brème, carpe, silure). Si l'on prend l'exemple de la truite fario, cette dernière peut vivre dans une eau oscillant entre 1 et 20 degrés. Le brochet, lui, peut survivre jusqu'à 28 degrés.
Alors quand l'eau se réchauffe, cela peut modifier le cortège de poissons qui s'y trouvent et donc les zones piscicoles. Certains poissons peuvent remonter vers le haut de la rivière. Ponctuellement, des poissons de la zone à ombre sont en mesure de remonter dans la zone à truite.
À l'échelle locale, certaines portions d'eau se sont déjà réchauffées. Il existe plusieurs raisons à cela, comme l'absence de ripisylve. Ce sont toutes les végétations autour d'une source. S'il n'y a pas d'arbres, arbustes et buissons aux alentours, l'eau aura tendance à chauffer plus vite. Ou la seule présence d'un lac, "ce sont des bouilloires", affirme Laurent Fridrick.
En effet, l'été, l'eau de surface du lac du Tolerme peut atteindre jusqu'à 29 degrés. Via le barrage, cette eau était rejetée dans une rivière habituellement à 19 degrés. Cela posait des problèmes potentiels, notamment pour les espèces qui s'y trouvaient. Avec le gestionnaire du lac, la Fédération de pêche du Lot a réussi à modifier la restitution du débit pour que l'eau rejetée soit à 18 degrés. "C'est important de chercher des solutions, c'est aussi pour ça qu'on est là", explique le responsable technique de la Fédération du Lot.
Un autre problème qui concerne l'eau est la quantité. En été, lorsque le temps est très sec et le débit très bas, des sécheresses peuvent toucher un secteur et donc diminuer les habitats disponibles pour les poissons.
Mais cela ne met pas en danger l'espèce : "C'est comme lorsqu'un cours d'eau est pollué, compare Laurent Fridrick, il y a toujours un individu qui arrive à s'échapper et qui reviendra plus tard dans la zone."
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Un seul commentaire, pour compléter le dernier propos :
Selon un autre pêcheur de la Fédération de Pêche, le projet d'hébergements au Lac du Tolerme serait, côté pollution des eaux, comme... "une catastrophe écologique annoncée".